Projets

L’Alliance réalise et facilite une variété d’activités de recherche et de transfert de connaissances en santé mentale, dont voici les premières :

L’Axe Interventions, qui vise à développer de nouveaux traitements efficaces, offre 100 000$ et des services de soutien à chacun des projets collaboratifs ci-contre.

Lionel Caihol – Les neurosciences à domicile : nouvel espoir dans la dépression et le trouble de personnalité limite !

Le projet TENTADIS explorera l’efficacité de la stimulation transcrânienne à courant continu (tDCS), une méthode non invasive, pour réduire les symptômes dépressifs chez les personnes souffrant de trouble de la personnalité limite (TPL). La dépression se caractérise par de la tristesse, parfois accompagné d’un risque suicidaire, avec une énergie à plat, sur une grande période de temps. Le TPL quant à lui se caractérise par des montagnes russes émotionnelles et de grandes crises avec les autres. Ces deux conditions sont souvent associées. Elles peuvent provoquer une grande détresse, notamment un risque accru de suicide. Notre étude vise à tester l’utilisation de la tDCS à domicile pour voir si cela peut améliorer l’humeur chez les participants. Leur vie serait moins souffrante et on éviterait le risque qu’ils se suicident, tout cela en une semaine de traitement. Il faut le vérifier, mais c’est porteur d’espoir pour des milliers de personnes concernées chaque année au Québec. 

Ce projet réunit les trois instituts de santé mentale du Québec, ainsi que des chercheurs de plusieurs universités provinciales, fédérales et internationales. Ces collaborations permettent de recruter un large éventail de patients et de bénéficier d’expertises variées dans le domaine de la dépression, du TPL et de la neuromodulation. Grâce à ces partenariats, l’étude tire parti des connaissances collectives pour maximiser son impact. 

L’utilisation de la tDCS dans ce cadre pourrait poser les bases d’une méthode de traitement plus accessible pour les personnes souffrant de dépression liée au TPL, en particulier celles vivant dans des régions éloignées. Cette technologie représente une alternative moins coûteuse, avec très peu d’effets secondaires et plus facile à mettre en œuvre que les traitements traditionnels (psychothérapie et médicaments). Si les résultats sont concluants, cela pourrait influencer durablement les pratiques cliniques en santé mentale. On irait vers plus de soin à la maison. 

Dans le cadre du projet, des patients partenaires participent activement au développement, notamment en contribuant à la création du projet de recherche et de contenus de psychoéducation. Par ailleurs, des étudiants gradués sont intégrés dans l’équipe, ce qui leur permet de se former dans un environnement de recherche collaboratif et innovant. Cette inclusion enrichit le projet tout en créant des opportunités d’apprentissage pour les étudiants. 

Lionel Caihol, MD, PhD

Sébastien Brodeur – Étude en contexte réel des trajectoires de soins et de l’efficacité de la neuromodulation au Québec (TMS-QC)

Transformer les soins en santé mentale grâce à la neuromodulation 

La stimulation magnétique transcrânienne (rTMS) est une technique de neuromodulation non invasive qui utilise des impulsions magnétiques pour cibler des zones spécifiques du cerveau. Elle joue ainsi un rôle clé dans le traitement de plusieurs troubles psychiatriques. Approuvée par Santé Canada dès 2002 pour traiter la dépression réfractaire (c’est-à-dire résistante aux traitements classiques), la rTMS a rapidement trouvé sa place dans les recommandations des guides de pratique au Canada. Depuis 2013, ce traitement est également remboursé par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), ce qui facilite son accès pour les patients québécois. 

Des connaissances à approfondir    

Initialement développée pour la dépression, la rTMS s’est progressivement étendue à d’autres troubles mentaux. Aujourd’hui, elle sert également à traiter des troubles tels que le trouble bipolaire, les psychoses résistantes (hallucinations), le trouble obsessionnel compulsif (TOC) et le trouble de stress post-traumatique (TSPT). Bien que ses indications officielles au Canada concernent principalement la dépression et, plus récemment, le TOC, d’autres pays, notamment en Europe, ainsi qu’en Australie et en Nouvelle-Zélande, recommandent son utilisation pour un éventail plus large de troubles psychiatriques. L’utilisation de la rTMS pour ces nouvelles indications reste en grande partie inexplorée au Québec et dans le reste du monde. À ce jour, aucune recherche n’a analysé son usage réel à partir de bases de données médico-administratives (BDMA) dans des contextes autres que la dépression. Les rares études disponibles, principalement menées aux États-Unis et en France, se sont concentrées exclusivement sur la dépression, excluant les comorbidités (troubles psychiatriques associés) et les autres conditions médicales. De plus, ces études n’ont pas pris en compte l’ensemble des parcours de soins, tels que la psychothérapie ou les traitements pharmacologiques, avant et après un protocole de rTMS. Au Québec, l’accès à la rTMS s’est considérablement élargi, mais les pratiques demeurent très variables. On observe en effet des différences importantes dans les protocoles de stimulation, les indications cliniques retenues et les stratégies de suivi des patients. Ces disparités soulignent la nécessité de mieux comprendre comment la rTMS est réellement utilisée et comment elle pourrait être optimisée pour répondre aux besoins des patients. 

Un projet pour optimiser les soins au Québec  

Ce projet vise à combler ces lacunes en fournissant des analyses comparatives des trajectoires de soins des patients recevant la rTMS par rapport à ceux qui n’en bénéficient pas. Il permettra également de mesurer l’efficacité et la sécurité de la rTMS pour des troubles tels que la dépression, le trouble bipolaire et le trouble obsessionnel compulsif (TOC), en s’appuyant sur des critères cliniques comme les hospitalisations et les consultations à l’urgence. Enfin, le projet prévoit la création d’un « Atlas de la neuromodulation », une ressource épidémiologique unique qui offrira une visualisation des disparités régionales et des résultats cliniques associés à la rTMS, contribuant ainsi à optimiser son utilisation et à favoriser une meilleure équité d’accès au traitement. Pour cela, nous nous appuyons sur plus de 10 ans de données médico-administratives provenant de tout le Québec. Ces données offrent une vue d’ensemble inégalée des pratiques actuelles et des résultats obtenus avec la rTMS depuis son déploiement au Québec. 

Une collaboration au service des patients  

Ce projet repose sur des partenariats avec les trois principaux instituts universitaires de santé mentale du Québec, ainsi que d’autres centres de recherche reconnus, comme l’Université de Sherbrooke. Ces collaborations nous permettent de réunir des expertises variées et complémentaires.  De plus, l’implication active de patients partenaires joue un rôle central dans TMS-QC. Leur implication contribuera à orienter nos recherches en garantissant que les résultats répondent aux besoins réels des personnes concernées. Elle garantit également une meilleure sensibilisation des cliniciens et des décideurs à l’importance de la rTMS et à son intégration dans des parcours de soins personnalisés. 

Contexte réel et innovation pour repenser les trajectoires de soins 

Ce projet représente une opportunité unique de transformer la manière dont la rTMS est utilisée en santé mentale au Québec. En fournissant des données contemporaines en monde réel sur son efficacité et en identifiant les meilleures pratiques, ce projet ambitionne d’améliorer les soins pour les personnes atteintes de troubles mentaux sévères. 

Sébastien Brodeur, MD. M.Sc. FRCPCr

David Benrimoh et Lena Palaniyappan – Stimulation magnétique accélérée et non invasive dans la psychose

La schizophrénie est l’une des maladies mentales les plus sévères et peut entraîner des souffrances considérables pour les patients et leurs familles. Il existe des traitements pour certains des symptômes, mais il est difficile de traiter les symptômes qui sont à l’origine d’une grande partie de l’invalidité à long terme dans la schizophrénie : les symptômes négatifs (SN). Les SN regroupe des symptômes tel que les changements dans l’expression et l’expérience des émotions ainsi qu’une faible motivation et une réduction de l’énergie et de l’activité. Ces symptômes peuvent avoir un impact sur la capacité des patients à travailler et à s’engager dans leur vie et auprès des personnes qui la composent. Nous avons désespérément besoin de nouveaux traitements sûrs et avec peu d’effets secondaires pour les SN.

Récemment, nous avons découvert qu’un type de stimulation magnétique utilisé pour la dépression, appelé stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS) pouvait également être bénéfique pour les SN. L’effet de ce traitement reste modeste et nécessite trois semaines pour agir, une durée qui peut constituer un obstacle pour de nombreux patients. Nous prévoyons tester une nouvelle méthode d’administration de la rTMS, qui consiste à utiliser un scan cérébral pour mieux cibler le traitement, et à l’administrer sur cinq jours au lieu de trois semaines. Dans le cas de la dépression, il a été démontré que ce traitement améliorait le niveau d’énergie et la motivation.

Dans cette étude, nous testerons cette version du traitement en comparaison à une stimulation placebo. Nous évaluerons également si cette version du traitement peut améliorer l’humeur et les expériences émotionnelles et déterminerons le nombre de patient qui sera nécessaire dans une étude future pour prouver que ce traitement efficace pour les SN. Si nous parvenons à démontrer l’efficacité de ce traitement, nous pourrons élargir l’accès des patients schizophrènes à un nouveau traitement sûr et avec peu d’effets secondaires pour traiter des symptômes qui causent une souffrance importante.

Cette étude prometteuse est le fruit d’une collaboration entre l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, le centre de recherche CERVO et l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. L’étude se déroulera en tenant compte des commentaires et avis de patients partenaires et financera un étudiant à la maîtrise. 

David Benrimoh, MD, MSc

L’Axe Collecte, qui vise à harmoniser les collectes de données communes, participe au co-développement et à l’adoption des plateformes numériques ci-contre.

Plateforme Open Data Capture

La plateforme Open Data Capture (ODC), développée par l’équipe de la Plateforme de Neuroinformatique de l’Institut Douglas, (DNP), est une solution web open-source moderne et flexible dédiée à la collecte de données cliniques et de recherche. Elle permet aux chercheurs d’administrer des questionnaires, des tâches interactives et de collecter des données binaires comme des images médicales, tout en garantissant un stockage sécurisé et standardisé. ODC facilite également l’analyse des données grâce à des outils de visualisation et d’exportation en formats CSV ou TSV, contribuant ainsi à la mise en œuvre de soins fondés sur des mesures à l’Institut Douglas. 


L’une des forces majeures de l’ODC réside dans son infrastructure qui anonymise les données personnelles grâce à des fonctions de hachage cryptographiques Cette approche garantit la confidentialité tout en permettant un suivi longitudinal fiable des patients. La plateforme est conçue pour pouvoir améliorer le suivi clinique et la recherche sur les trajectoires des patients, notamment dans le domaine de la santé mentale. Elle est également conçue pour s’adapter aux besoins spécifiques des chercheurs, qu’il s’agisse d’évaluations en personne ou à distance. 


Le développement d’ODC repose sur une collaboration étroite entre chercheurs et développeurs du Douglas. Dr. Gabriel Devenyi, chef de projet, et Joshua Unrau, développeur principal, jouent un rôle clé dans sa conception technique. Leur expertise a permis d’intégrer des technologies modernes comme TypeScript, React et MongoDB pour garantir une expérience utilisateur optimale. Leur objectif est de fournir un outil convivial qui répond aux exigences complexes de la recherche clinique tout en facilitant le partage sécurisé des données avec les utilisateurs autorisés. 


Les contributions de chercheurs comme Maxime Montembeault ont également été essentielles pour co-développer la plateforme. Il a aidé à adapter l’ODC aux besoins spécifiques des études en neuropsychologie et en psychiatrie de précision. Ces collaborations témoignent de l’engagement collectif à transformer les pratiques cliniques grâce à une collecte de données fiable et éthique, tout en soutenant les innovations dans le domaine de la santé mentale. 

Ce projet réunit les trois instituts de santé mentale du Québec, ainsi que des chercheurs de plusieurs universités provinciales, fédérales et internationales. Ces collaborations permettent de recruter un large éventail de patients et de bénéficier d’expertises variées dans le domaine de la dépression, du TPL et de la neuromodulation. Grâce à ces partenariats, l’étude tire parti des connaissances collectives pour maximiser son impact. 

L’utilisation de la tDCS dans ce cadre pourrait poser les bases d’une méthode de traitement plus accessible pour les personnes souffrant de dépression liée au TPL, en particulier celles vivant dans des régions éloignées. Cette technologie représente une alternative moins coûteuse, avec très peu d’effets secondaires et plus facile à mettre en œuvre que les traitements traditionnels (psychothérapie et médicaments). Si les résultats sont concluants, cela pourrait influencer durablement les pratiques cliniques en santé mentale. On irait vers plus de soin à la maison. 

Dans le cadre du projet, des patients partenaires participent activement au développement, notamment en contribuant à la création du projet de recherche et de contenus de psychoéducation. Par ailleurs, des étudiants gradués sont intégrés dans l’équipe, ce qui leur permet de se former dans un environnement de recherche collaboratif et innovant. Cette inclusion enrichit le projet tout en créant des opportunités d’apprentissage pour les étudiants. 

Banque de paroles

Notre parole est indicatrice de nos pensées et de nos émotions. Les scientifiques peuvent utiliser l’informatique pour étudier la parole afin de développer des modèles qui aident à identifier des problèmes de santé mentale tels que l’anxiété, la dépression, le trouble bipolaire et la schizophrénie. La mise en œuvre de cette méthode dans les cliniques permettra de mieux évaluer la nécessité de procéder à des évaluations plus détaillées et plus coûteuses. 

Afin de créer un outil qui analyse la parole pour améliorer la détection des troubles mentaux, nous avons besoin d’une vaste collection d’échantillons de parole provenant de multiples personnes différentes. Cela permettra à l’outil d’apprendre et de reconnaître les caractéristiques de la parole liées à diverses conditions. Un ensemble de données diversifié, comprenant des personnes d’âges, de sexes et de milieux culturels différents, augmente la précision et l’équité de l’outil. 

La Banque de Paroles du Québec (BPQ) est un projet unique qui recueille des échantillons de parole de nombreux résidents du Québec qui parlent le français et/ou l’anglais.   

En analysant ces échantillons, nous visons à créer de nouvelles façons de diagnostiquer et de traiter les troubles mentaux. La première étape consiste à recueillir un ensemble de données de base sur les modèles de parole contrôle, ce qui nous aidera à comprendre quelle est la gamme habituelle de réponses à certaines questions. Par la suite, nous avons l’intention d’utiliser les mêmes questions en clinique pour obtenir des échantillons de parole de personnes souffrant de différents troubles mentaux. Nous souhaitons vérifier si les personnes dont les compétences cognitives varient ont également des caractéristiques de parole différentes. Nous examinerons des éléments tels que la clarté et la complexité de leur communication. Cette recherche nous aidera à suivre les changements au fil du temps et à améliorer notre compréhension de la parole et de la santé mentale. Les résultats pourraient conduire à de meilleurs traitements et à de nouvelles connaissances sur la façon dont la parole reflète notre état mental.  

Si ce projet vous intéresse, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse suivante : roozbeh.sattari.comtl@ssss.gouv.qc.ca